Petit éloge de la flemme
La team du Cercle des 4 Carnets a encore une fois comploté en secret pour vous proposer un nouvel article en commun ! Pour ce nouveau post, nous explorons chacune sous un angle très différent le thème du développement personnel dans le bullet journal. Les liens vers les articles de Karolina, Audrey, Powa et Caro sont à retrouver comme d’habitude en fin d’article !
De mon côté, je vous parle de procrastination et de tout ce que la flemme a de merveilleux… C’est parti !
On pourrait croire, à voir les pages de mon carnet et les articles que je publie par ici, que j’ai vaincu depuis longtemps le petit démon de la procrastination et que ma vie bien organisée est entièrement dévouée à la recherche de la productivité maximum. Il est temps de vous avouer que ce n’est absolument pas le cas.
Je suis en réalité une adepte de la procrastination de premier ordre, et je le vis (plutôt) bien. Aujourd’hui, je ne vous parle donc pas du bullet journal, mais plutôt de toutes les pages vides de mon carnet. Voici donc mon petit éloge de la procrastination.
J’espère que ça vous inspirera (mais pas trop). J’espère aussi que ça permettra de démystifier tout ce que l’on peut voir passer sur les réseaux sociaux (et je m’y inclus) et qui nous fait croire qu’une liste entièrement cochée est la garantie de se sentir bien à la fin de la journée.
Avantage de la procrastination #1 : gagner du temps
Oui, on gagne du temps en procrastinant. Ce qui peut paraître complètement paradoxal, parce qu’on a toujours le sentiment que c’est en faisant les choses en avance que l’on économise ce temps si précieux.
Sauf qu’en général, on n’est jamais aussi efficace que dans l’urgence.
Si je sais que j’ai des jours entiers devant moi pour réaliser un travail précis, je repousse systématiquement le moment ou je dois me mettre au travail jusqu’à ce qu’il devienne impossible de reporter à plus tard.
C’est comme ça que, malgré les rappels que je mets sur mon téléphone et dans mon bullet journal, j’attends d’être au pied du mur pour trouver le courage de m’atteler à la tâche et surmonter ma flemme.
En procrastinant ainsi, je gagne en réalité du temps : au lieu de consacrer plusieurs jours à rédiger un document ou finaliser un projet, je ne vais y consacrer que la dernière demie-journée qu’il me restera avant l’échéance.
C’est en fait exactement le mécanisme que décrit la loi de Parkinson : tout travail augmente jusqu’à occuper entièrement le temps qui lui est affecté. En procrastinant, on réduit le temps dédié à ce travail et on consacre le reste du temps à tout autre chose. Donc on gagne du temps. CQFD.
Avantage de la procrastination #2 : rattraper les tâches en retard
Encore une fois, c’est une affirmation qui peut paraître bien paradoxale…
En fait procrastiner, c’est repousser le plus possible une tâche qui ne nous enthousiasme pas franchement, voire nous rebute franchement. Et on va donc avoir tendance à mettre en place des stratégies d’évitement pour faire absolument tout SAUF cette fameuse tâche.
Au lieu de voir cette tendance à procrastiner comme un obstacle, j’essaie au contraire de voir le côté positif de la chose et de tirer partie de cette non-envie pour m’atteler aux milles petites choses que j’ai en retard. Une fois que j’ai comblé mon retard sur tous les autres sujets en cours, je n’ai de toute façon pas d’autre choix que de m’y mettre.
Malgré toutes les stratégies que je mets en place pour avancer de manière efficace et rationnelle,
il m’arrive encore souvent de procrastiner. J’en profite alors pour rattraper les mille petites tâches en retard,
en laissant de côté les objectifs plus gros qui m’intimident.
Avantage de la procrastination #3 : se concentrer sur l’essentiel
Je ne compte plus les tâches que j’ai un jour écrites dans mon journal, et que j’ai reporté d’un daily log à l’autre, d’une semaine à la suivante et parfois même sur plusieurs mois.
Si ça peut parfois me mener au bord de la catastrophe (remplir sa déclaration d’impôts à 23h59 le soir de la clôture n’est pas nécessairement une bonne idée), procrastiner permet aussi de se concentrer sur l’essentiel. À force de reporter certaines tâches, on s’aperçoit souvent qu’elles sont beaucoup moins essentielles que ce qu’on imaginait et qu’il est peut-être plus productif de concentrer ses efforts sur d’autres fronts plus stratégiques ou plus urgents.
Le principe de migration sur lequel repose le système du bullet journal est un allié de poids pour décider de ses priorités. Migrer les tâches ne correspond pas seulement au fait de les déplacer d’un planning à l’autre : il s’agit bien de s’interroger sur la pertinence des tâches jour après jour. Tous les éléments qui ne sont plus pertinents ou que vous estimez ne pas être dignes de votre temps et de votre énergie sont ainsi éliminés naturellement de votre système au fur et à mesure.
Avantage de la procrastination #4 : laisser libre cours à sa créativité
Il m’arrive souvent de noter une tâche dans mon journal et de la laisser traîner pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Quand je suis dans cette situation, c’est généralement soit que la tâche ne vaut pas le coût que j’y travaille (on viendra à ce cas plus tard), soit qu’elle n’est pas suffisamment “mûre” pour être réalisée.
Je repousse souvent les tâches comme écrire un e-mail, ou plancher sur un nouveau projet, tout simplement parce que je ne sais pas vraiment comment je vais traiter le problème. Le temps de la procrastination devient alors un temps de réflexion et de maturation de mes premières idées. Un peu comme les tâches en arrière plan sur un ordinateur, je vais régulièrement considérer mon problème et faire mouliner mon cerveau à le résoudre sans nécessairement faire quoi que ce soit dans l‘immédiat. La seule chose concrète que je vais faire, ce sera de prendre mes idées en notes au fur et à mesure dans mon bullet journal. Je garde ainsi une trace de mes réflexions pour pouvoir y revenir au moment opportun (comprendre : au dernier moment).
Une fois que je suis au pied du mur j’ai ainsi généralement un éventail d’idées beaucoup plus large, et des solutions plus réfléchies que si j’avais réalisé la tâche sans attendre.
Je profite également de la pression du dernier moment pour mobiliser toutes les capacités créatives de mon pauvre cerveau. Rien de tel qu’un petit peu de stress pour découvrir des ressources et des idées insoupçonnées !
Certaines journées ne nécessitent pas de planifier tâches ou événements : on peut aussi simplement faire les choses comme elles viennent et n’utiliser son bullet journal que pour capturer quelques souvenirs.
Avantage de la procrastination #5 : apprendre à profiter de l’instant
Le concept de procrastination ne se limite pas à repousser le moment d’accomplir une tâche par flemme pure et simple. Procrastiner peut également signifier être présent à l’instant, et profiter du moment sans laisser sa liste de tâche mener le jeu en permanence.
Procrastiner, c’est aussi laisser se laisser le temps de vivre, de rêver, de profiter de ses proches ou du rayon de soleil qui tombe sur le canapé. Et il n’y a aucune raison de se sentir coupable de savoir saisir ces instants simples qui font les petites joies du quotidien.
La bataille contre la procrastination est une lutte incessante. C’est d’ailleurs pour éviter de toujours tout repousser au lendemain que je me suis tournée vers le bullet journal. Mais la procrastination présente aussi des avantages insoupçonnés : il ne s’agit pas de ne plus rien faire à force de procrastiner, mais accepter la flemme et profiter de l’instant permet aussi de prendre du recul sur le chaos du quotidien.
Le bullet journal est d’ailleurs le meilleur ami des procrastinateurs en tous genres : il pardonne sans jugement et permet de faire régulièrement le tri dans les tâches qui s’empilent jours après jours dans un coin de notre carnet et de notre cerveau.
Les avantages de la procrastination ne sont définitivement ainsi pas nuls, même s’il faut rester vigilants à ne pas systématiquement remettre tout au lendemain, au risque de frôler l’immobilisme.
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